183- Bosnia 2015 - épisode 5

Lundi 5 juillet, comme si de rien n'était, les tubes de l'été occupent les ondes de toute part, dans cet endroit sec, l'Eastern bus Station, les frontières ne s'entendent pas, les langues se délient, en anglais et en bosnien, les rives s'attachent en rythme d'ailleurs, surtout pas d'ici. Les auditeurs n'ont qu'une idée en tête, s'évader dans leur prison. Que leur monde soit le plus au bout pour ne croiser personne. Les prisons sont dorées et les cages sont folles. Les biceps ont repris le pouvoir. Comme si de rien n'était, les Jurassic park font recette, les races supérieures remontent à la surface sans gêne et avec malin plaisir de polluer les relations humaines versées à l'entente, au développement d'une société non animale. La ferme est pourtant là. Les gens ici ne se rassemblent plus pour partager mais pour se protéger. La communauté est érigée en nouveau mur. Mais, elle fait semblant de prendre soin de ses membres, "the power is money", "live is money", comme disait ce matin notre logeur. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, les Candides n'ont plus le droit de se cultiver, parqués dans des réserves où la liberté, l'égalité et la fraternité sont répudiées. Les territoires "se gaza-fient". Aïda Begic, Jovan Djivak, Aldémi sont bien vivants! La mémoire est vive, les vivants veulent vivre mais pas à n'importe quel prix, celui d'un vivre ensemble avec la reconnaissance de la douleur de l'autre. Pas question de victimisation mais de dignité...