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production des séries Carnets d'Utopie
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16 mars 2013

52- Belfast, carnet de bord d'un premier repérage - Belfast first report of locations...

Equipe repérages troupe de cinéma Borders 2ème génération : Alexia, Franck, Nicolas, Bruce, Thomas, Eric, Frédéric...

Belfast, 16 et 17 mars 2013.

Ici, le ciel n’est jamais pauvre, toujours riche de nuances, constamment impressionné par des nuages fous. Ici, le ciel se couche souvent sur la terre au spectre de la Guinness. Ici, le dessin météorologique est très animé, les nuages aiment à frôler cette terre nue et sur un air très saccadé, le vent suit les lignes géométriques formées par des tentacules de petites maisons en briques rouges, toutes identiques mais chacune se distinguant par la couleur de sa porte, lançant une sorte de clin d’oeil, peut-être pour aider le pécheur à retrouver son “home”.

Ici aussi, les points de fuite sont constamment accrochés par des séparations, grillages, barbelés et murs de toutes sortes, les plus hauts de préférence et joliment en-guirlandés sur leurs arêtes par des barbelés en furie. Le regard est happé par de multiples marquages sur les façades et les trottoirs, des signes d'identité, de fierté nationale, drapeaux Irlandais et de l'Union Jack claquant alternativement, de rues en rues, dans les airs comme des fouets, domptant le passant à l'autorité territoriale d'une communauté en excès de representation. Chaque quartier est un pays, les frontières sont obsédantes, finies et infinies, les risques de ne plus rien savoir sont grands. Belfast est à géométrie variable, une équation à tant d’inconnues que la raison nous échappe. Sa ligne de main n'est pas droite et lisse, entre Falls Road, Shankill, Donegal, ce sont des lignes brisées qui dessinent un labyrinthe vertigineux et attirant, là, au pied de la montagne noire "An Sliabh Dubh".

photo_Belfast_1

Là-bas, la désunion semble maître d’oeuvre, pourtant les unionistes en sont rois. Là-bas, le mélange n’est pas une raison d’être, pourtant les itinéraires de vie sont si prompts à se croiser. Les rues de Belfast sont vraiment de braise, ses murs, des toiles de cinema prêtes à nous projeter dans le flot de l’histoire, celui tourbillonnant des luttes qui nous ont fait homme. Ce décor de perdition est un lieu de resurrection, là où des lignes humaines aux eaux fortes convergent, des itinéraires extraordinaires qui mènent Léïla, une jeune française d’origine algérienne en quête d’identité, devenue irlandaise convaincue (4 ans après son arrivée à Belfast), et, Eddie, un taxi driver de la compagnie Black taxi, ancien combattant de l’IRA, en quête d'une vie nouvelle,  à se rencontrer dans un taxi au detour d’une interview sur les themes de la réconciliation et du droit à la deuxième chance grâce à une équipe de cinema en repérages, en quête de "liberté, égalité, fraternité".

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Oui, Belfast est une ville qui pousse au bouillonnement, à la rupture, aux questions innombrables. Des paradoxes qui vous plongent dans un état humain, loin des mécaniques de la norme, des comportements convenus. Vous êtes nus face à votre condition. Tout devient possible ici-bas. D’apprendre qu’il est possible de se protéger en s’entourant de barreaux, d’embrasser la liberté en prison, de maitriser sa haine dans le combat politique;

Eddie, un taxi driver de l'association des Black taxis à Belfast nous l’a appris. Il fait partie des sages qui aujourd’hui peuvent nous guider dans le brouillard du monde actuel. Accompagné dans sa reinsertion par l’association des Black taxis, structure d’économie sociale et solidaire remarquable qui oeuvre pour la reconciliation entre les communautés en les reliant l’une à l’autre par des taxis collectifs, elle permet aussi aux anciens de l’IRA, devenus pestiférés, de revenir dans la vie quotidienne et construire une nouvelle vie. Eddie s’est engagé dans l’Armée républicaine à 13ans pour lutter contre les injustices provoquées par les "colonisateurs" anglais et leurs soutiens protestants. "Ce que nous demandions ? Des logements décents, un travail, ne plus être des citoyens de second rang. Un homme? Un vote. L'égalité avec les protestants. Ne plus être humilié quotidiennement" - Il a passé 11 ans en prison, toute sa jeunesse - au pire moment : lors de la grève de la faim lancée par Bobby Sand pour recouvrer le statut de "prisonnier politique" (Depuis le 1er mars 1976, les républicains et les loyalistes emprisonnés avaient perdi leur statut de prisonnier de guerre. En une nuit, par la violence des lois spéciales, les prisonniers politiques sont devenus des détenus de droit commun). "Il ne regrette rien et si cela était à refaire, il le refairait. La justice qui se fait bafouée tous les jours n’est pas supportable pour lui, quitte à riquer sa vie". En prison, il est devenu un homme libre, accompagné par les anciens dans un parcours d’ouverture au monde, en développant sa conscience politique, accédant au Gaélique, sa langue natale, alors qu’elle lui y était refusée à l’école.

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Ici, il n'est pas question de conflit religieux mais d’un affrontement de classes, d’une absence totale de redistribution des richesses, d’une appropriation par un groupe de privilégiés de l’économie. D’un système où l’éducation s’est construite complétement sur la ségrégation, le communautarisme, le plaçant dans les esprits comme un affrontement catholique-protestant alors qu’il s’agissait avant tout du combat d’une communauté à exister et faire valoir ses droits. Aujourd’hui encore, les écoles ne sont pas mixtes et jusqu’à l’âge de 18 ans un jeune protestant a très peu de chance de côtoyer un catholique. Chaque communauté s'aggripant à son indépendance éducative. Reste le miracle de l’université, “la Queen’s University”, où les jeunes des 2 camps peuvent suivre leurs etudes ensemble, partager les mêmes envies, surtout effacer les différences. C'est une des zones neutres, avec les centres commerciaux, où la mixité est possible. Mais, pour Eddie, l'accès à la connaissance et son partage sont les bases d’un avenir meilleur, il en est convaincu. Son combat continue autrement : participer politiquement au changement et accompagner les jeunes generations à ce qu’elles se prennent en main par des voies légales.

La ségrégation est moins visible mais toujours présente entretenue par les autorités afin de contenir “la fureur” des unionistes protestants (ceux qui souhaitent le rattachement perpétuel de l’Ulster à la Grande-Bretagne; alors que les républicains souhaitent son rattachement à la République d’Irlande; y aurait-il une troisième voie?) dans l’application des accords de 1997 et le partage équitable du pouvoir entre catholiques républicains et protestants unionistes.

Ici-bas, au bout du compte tout reste possible, les jeunes générations peuvent s’appuyer sur des hommes d'expériences comme Eddie et les mythes fondateurs communs comme celui de Wolf Tone, un protestant Irlandais qui a cru en la nation Irlandaise dans l’élan de la révolution française fin 18ème siècle, en lançant le mouvement d’indépendance. Mouvement d'émancipation qui a abouti en 1922 à la creation d’un nouvel état : l’Irlande.

Mais aussi, ici, rien n’arrête la parole, le pays est chantant, le pub est une religion, un lieu où le lien social est sacré, un espace d’accordement où l’on se raconte et partage sa plus belle richesse : son humanité, une mousse au coin des lèvres. Et au diable le “bad trip” la Saint Patrick c’est aujourd’hui, dimanche 17 mars 2013.

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Belfast, 16 and 17 March 2013.

Here, the sky is never poor, always rich in nuances, constantly impressed with crazy clouds. Here, the sky is the earth layer often the specter of Guinness. Here, the weather pattern is busy, the clouds love to graze on the bare ground and look very choppy, the wind follows the geometric lines formed by the tentacles of small red brick houses, all identical but each is distinguished by color his door, throwing a sort of wink, perhaps to help the sinner to return to its "home".
Here, the vanishing points are constantly hanging by partitions, fences, walls and barbed wire of all kinds, the highest preference and nicely slashed at their edges by shards of glass with green reflections. The eye is caught by multiple markings on the walls and sidewalks, signs of identity, national pride, Irish flags and Union Jack flapping alternatively, from street to street, in the air like whips, overcoming the from the territorial authority of a community in excess of representation. Each area is a country borders are haunting, finite and infinite, the risk of knowledge are nothing more haunting. Belfast has a variable geometry, an equation with many unknowns that reason escapes us. His line of hand is not straight and smooth, they are broken lines that form a dizzying maze and attractive.
There, disunity seems contractor, yet the Unionists are kings. There, the mixture is not a reason to be, yet the paths through life are so quick to cross. The streets of Belfast are really embers, walls, canvases cinema ready to project ourselves into the stream of history, all the struggles that made us human. The decor is a place of perdition resurrection, where the human line etchings converging routes that lead extraordinary Leila, a young French woman of Algerian origin in search of identity, Irish became convinced, and Eddie, a taxi driver of the taxi company Black and former IRA to meet in a taxi at the turn of an interview on the themes of reconciliation and the right to a second chance thanks to a team of cinema in scouting.

Yes, Belfast is a city which grows bubbling, breaking, countless questions. Paradoxes that take you into the human condition, far from mechanical standard, agreed behavior. You are naked in front of your condition. Everything is possible here below. To learn that it is possible to protect themselves by surrounding bars, embrace freedom in prison, his master hatred in the political struggle;

Eddie, a taxi driver of the Association of Black taxis in Belfast has taught us. It is part of wise men today can guide us in the fog today's world. Accompanied by its reinsertion Association of Black taxis structure of remarkable social and solidarity economy that works for reconciliation between the communities by connecting them to each other by shared taxis, it also allows the former IRA, become infected, to return to everyday life and build a new life. Eddie is committed to 13yrs Republican Army to fight against the injustices caused by the "colonizers" French Protestants and their supporters. "What we ask? Decent housing, a job, not to be second-class citizens. A man? A vote. Equality with Protestants. Daily Do not be humiliated" - He spent 11 years in prison his youth - at the worst time: during the hunger strike launched by Bobby Sand to regain the status of "political prisoner" (Since 1 March 1976, the republicans and loyalists were imprisoned perdition status of prisoner of war. in one night, by special acts of violence, political prisoners have become common criminals). "We have no regrets and if it were to be remade, it refairait. Justice that is violated every day is not bearable for him, even Riquer his life." In prison, he became a free man, accompanied by the elders in a course of openness to the world, developing political consciousness, accessing Gaelic, the native language when she had refused him at school.

Borders' short film shooted in 2007 with a mixing group in partnership with IFI (Dublin) and QFT (Belfast)

Here, there is no question of religious conflict but a clash of classes, a total absence of redistribution of wealth appropriated by a privileged group of the economy. In a system where education is built completely on segregation, communitarianism, placing in history as a Catholic-Protestant confrontation when it was the struggle of a people to dispose of their land . Today, schools are not mixed until the age of 18 a young person from the Protestant community has very little chance to rub a Catholic because each community has its own schools. Remains the miracle of the university, "Queen's University", where two youth camps after their studies all share the same desires and enjoy. Knowledge is the foundation for a better future and Eddie is convinced her otherwise struggle continues: participate politically to change and support the younger generations that they are empowered through legal channels.

Segregation is less visible but still present maintained by the authorities to contain the "misundestood" of the Protestant Unionists (those who want perpetual Ulster attachment to Great Britain while Republicans want its attachment to the Republic Ireland) in the implementation of the agreements of 1997 and the equitable sharing of power between Catholic and Protestant Unionists Republicans.

Here, ultimately everything is possible, the younger generations can rely on the wise as Eddie and common myths such as Wolf Tone, a Protestant Irishman who believed in the Irish nation in the momentum the late 18th century French revolution, launching the independence movement which culminated in 1921 with the creation of a new state: Ireland.

But here, nothing stops speaking, the country is singing, the pub is a religion, a place where the social bond is sacred space tuning where we tell and share his greatest asset: humanity, foam on his lips. And to hell with the "bad trip" St. Patrick's Day is today, Sunday, March 17, 2013.

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